Maître Cheval

Delaney

Aujourd’hui je pense à Delaney, à sa fille Umoja, et à Elseya. Trois Juments.

Elles ont participé à une constellation.

J’étais invitée par le Centre Équestre de la Vallée, à Le Breuil. Alexandre, Michel et Mélissa m’ont accueillie dans leur manège pour animer une constellation.

Alors que nous étions dans le champ (Alexandre, Mélissa et moi-même) où les trois Juments paissaient en toute tranquillité, Elseya est venue à notre rencontre, elle m’a dit qu’elle souhaitait participer à la constellation pour aider et soutenir Delaney. Delaney, quant à elle, s’éloignait autant qu’elle le pouvait, elle m’a dit qu’elle était terrifiée. Sa fille (Umoja) restait tranquillement là où elle était, elle était d’accord de participer.

Elles sont toutes les trois rentrées dans le manège, ainsi que tous les participants qui étaient venus pour œuvrer tous ensemble pour lever les origines systémiques et ancestrales des souffrances physiques de Delaney et, dans une moindre mesure, de sa fille Umoja.

C’était pour moi la première fois que des chevaux s’invitaient en toute liberté dans le champ des constellations pour agir en toute conscience, en toute solidarité. Chacune a pris sa place, pas en même temps, mais chacune a pris sa place réelle, en toute autonomie, au moment exact où je les aurais appelées. Avec une grande délicatesse, et une qualité de présence exceptionnelle.

J’ai été extrêmement touchée par leur douceur, leur vibration, leur sérénité, et leur tranquillité à intervenir dans l’espace géographique et l’espace-temps très particulier du champ des constellations.

Delaney est venue dans le champ, alors même que sa représentante la représentait, sans perturber le processus. Elle le soutenait, elle s’en rapprochait. Elle est aussi venue à la fin de la constellation à la rencontre avec sa représentante, pour prendre sa place, pour recevoir pleinement, sans aucun frein, tout ce que sa représentante avait traversé et résolu, puis elle est partie dans sa vie en toute tranquillité. Cela de son plein gré, avec la même gratitude et la même détermination que manifeste un être humain lorsqu’il rentre dans le champ de sa constellation pour recevoir ce que son représentant a compris, expérimenté et résolu et qu’il part ensuite dans son existence.

Son regard avait changé, elle n’était plus terrifiée. Elle était sereine.

J’ai été extrêmement touchée d’assister à l’empuissancement progressif de Delaney, à son épanouissement, à travers celui de son ancêtre. Dans le même temps que son ancêtre s’empuissançait, elle permettait et ouvrait l’empuissancement des cavaliers-représentés. J’aime ce terme d’empuissancement, on y entend « puissance » et « ensemencement ».

C’est constant, dans chaque constellation, dans tout travail thérapeutique, il s’agit toujours d’empuissancement progressif et constant de celui qui consulte, quelles que soient les raisons de sa venue.

Cet empuissancement est ce qui génère, permet, ouvre la voie, à l’empuissancement des autres. Il est concomitant. A partir du moment où il y a empuissancement d’une personne, il y a de facto empuissancement des personnes en lien avec elle.

J’ai été extrêmement touchée, aussi, par la qualité relationnelle de tous les participants, qu’ils aient participé activement à l’intérieur du champ en tant que représentants, ou tout simplement par leur qualité de présence à l’extérieur du champ, assis en tant qu’observateurs, non neutres.

Beaucoup sont des cavaliers. Des cavaliers qui étaient sans aucun doute devenus des cavaliers par affinité réelle avec le Cheval. Par amour d’un lien qui les dépasse, qui les enveloppe, qui les pousse à aller vers le Cheval. La beauté de leur relation vient certainement de la reconnaissance de ce qui a rencontré le cheval en eux : cet élan réel, innocent, solide, qu’ils ont eu dans leur enfance pour le Cheval, qu’ils l’aient rencontré physiquement et émotionnellement à l’époque ou seulement dans leur imaginaire.

De la même façon qu’à la suite d’un atelier de constellation il y a un lien d’amour qui se crée entre les participants, mais aussi entre les participants et moi-même, ce lien d’amour s’est aussi crée très naturellement entre Delaney et moi-même. Je ne crois pas me tromper en affirmant qu’il s’est aussi crée entre les représentants et les Juments.

Il n’y a aucune différence dans le process de constellation avec et pour des chevaux et dans celui pour et avec des êtres humains.

Le Centre Équestre de la Vallée, propose des constellations pour les êtres humains représentés par les chevaux. Il propose aussi un accompagnement pour les êtres humains par le Cheval. Pour tous ceux qui ont un lien innocent et sincère avec le cheval, qu’ils soient cavaliers ou non, c’est certainement un moment d’une grande joie, d’une grande douceur, d’une grande délicatesse à vivre.

Et pour tous ceux qui pensent ne pas avoir ce lien enfantin et innocent avec les chevaux, c’est certainement l’occasion de découvrir à quel point vous aimez tout le monde, c’est à dire toutes les espèces, et que vous les respectez toutes et que vous êtes solidaires de toutes. Car, à n’en pas douter, une guérison véritablement féconde est de se re-situer en tant qu’espèce parmi toutes celles qui existent et d’expérimenter le lien solidaire d’entre-aide et de soutien, qui existe entre toutes les espèces, animales, minérales et végétales.

L’incarnation

Notre incarnation sur Terre nous situe en un point infiniment petit et pourtant très vaste, qu’est l’intersection entre l’horizontalité et la verticalité de notre expérience.

La verticalité est notre expérience intime avec ce qui est plus grand que soi : la Terre, la Lune, le Soleil, les Etoiles, le Vent, l’ensemble du vivant, toutes les dimensions, le Souffle qui nous anime, le Silence.

L‘horizontalité est notre expérience intime de la société dans laquelle nous vivons : la famille, le travail, l’argent, la propriété, les événements historiques, la maladie,  etc.

Nous pourrions avoir envie d’imaginer un axe vertical et un axe horizontal. Ce serait prendre le risque d’imaginer une intersection en un centre géométrique. 

Parce que ce sont des dimensions infinies, il n’y a pas de centre. L’intersection est une position que nous occupons tout le temps. Nous pouvons croire en un manque dans l’une ou l’autre dimension.  Nous pouvons ressentir une frustration, un désir, de ne pas être davantage ici ou là. Ce qui nous empêche de vivre entièrement l’expérience de la densité que contient ce point minuscule. Ce qui nous jette parfois dans des quêtes.

L‘intersection est un Silence, un vide plein, une absence présente, une présence sans contours, une immobilité dans le mouvement, une solitude qui fait de nous une expression singulière de la totalité. Nous ne sommes pas une partie d’un tout, nous sommes cette totalité qui s’exprime dans une singularité. Nous sommes seuls : nous naissons seuls et nous mourrons seuls, et entre ces deux portes nous sommes seuls. L’univers entier est seul. C’est une autre façon de dire qu’il est Total, et que nous sommes toujours “Total”.

Les Constellations sont une des réponses possibles dans ces quêtes que nous menons, dans ce désir de réparer les liens perturbés avec ce qui est plus grand que nous ou avec les sociétés dans lesquelles nous vivons. Elles sont aussi une voie comme une autre pour explorer cette intersection. Ni plus, ni moins.

Daphne Labbé de Montais

Les 6 réalités des Constellations Systémiques et Symboliques

1 /

La première expérience qui est faite avec les Constellations Familiales, Systémiques et Symboliques, c’est une expérience d’entraide, de présence à l’autre, bienveillante et authentique. C’est la première réalité des Constellations Systémiques et Symboliques. C’est cette première réalité qui nourrit chaque individu qui vient faire une constellation familiale. Cette expérience que le groupe est bon. Que l’Autre est bienveillant, qu’il sait aider à sa juste place, qu’il ne juge pas, qu’il est volontaire, présent, véritable et authentique.

Cette expérience de l’Autre est forte et puissante. C’est le premier cadeau des Constellations Familiales, Systémiques et Symboliques. Une expérience du groupe réparatrice, bienfaisante. Une expérience de l’Autre comme un Autre en qui on peut avoir confiance, un Autre qui est bon, qui nous aide et qui nous aime.

2/

La deuxième réalité des Constellations Familiales, Systémiques et Symboliques, c’est celle de la réalité du « champ », cet espace matérialisé à l’intérieur duquel les Constellations ont lieu. Lorsqu’on est sélectionné pour être représentant, et que l’on pose le pied dans « le champ », tout devient différent. Nos idées sont nouvelles, nos perceptions sont différentes, nos envies sont extraordinaires au premier sens du terme, et nous ressentons à quel point nous ne sommes plus notre « Je » habituel mais bien le représentant (ou l’expression, ou la manifestation) de ce que nous représentons. Cela enlève toute ambigüité et que même si les « histoires » résonnent avec nos propres « histoires », la représentation et les sensations que nous ressentons nous rassurent et nous indiquent bien que nous ne mélangeons rien.

3/

Nous sommes dans un autre espace-temps, ce n’est pas celui de la psychologie, ce n’est pas celui du mental, ce n’est pas celui non plus de notre univers cognitif, c’est celui de l’âme, de l’Esprit, de notre Soi supérieur, de tous les symboles à l’oeuvre en nous. Ce qui est réalisé dans cet espace-temps, les réparations qui sont faites, les résolutions, les transformations se manifestent dans notre mental, dans notre psychée, dans notre univers cognitif, dans notre corps aussi. Elles se manifestent aussi dans notre intuition, dans chacun de nos sens, dans nos liens quotidiens avec notre incarnation : le fait d’être vivant, sur Terre dans notre verticalité, en Société dans notre horizontalité, étant la Nature nous-même. Cela nous change et ça change notre vie, ça change nos relations que nous entretenons avec les autres, quels qu’ils soient, ça change notre façon de travailler. Nous nous exprimons autrement, notre corps s’exprime différemment, et ce qui affleure au bout de nos lèvres, c’est bien notre Etre, ce que nous somme réellement. C’est cette troisième réalité des Constellations Familiales, celle de se passer dans un espace-temps différent et pourtant de se réaliser et de se manifester dans notre vie quotidienne, dans ce que nous sommes et dans nos relations, dans ce que nous vivons intimement, qui les rend si merveilleuses, si fondamentales et si importantes dans un chemin de vie.

4/

Les Constellations Familiales, Systémiques et Symboliques sont une rencontre initiatique. C’est comme un voyage qui nous décolonise l’Esprit. C’est comme un maître que nous rencontrons et qui ouvre une brèche en nous pour l’éternité. C’est un ciel étoilé. C’est toute la beauté de l’Univers, du Monde, et c’est aussi son mystère qui se dévoile dans les Constellations Familiales et Systémiques. Chacun peut faire l’expérience de ce qui le dépasse, de ce qui l’anime et de ce qui souffle à travers lui et qui le relie à une origine difficilemet disible mais réellement expérimentable. C’est la quatrième réalité des Constellations Familiales, Systémiques et Symboliques, de nous donner à expérimenter tout ce qui nous dépasse, tout ce qui est plus grand que nous, tout ce qui est si mystérieux ; notre reliance à tout cela, à ce Mystère qui nous anime et qui fait que nous sommes en vie.

5/

La cinquième réalité des Cosntellations Familiales, Systémiques et Symboliques, c’est qu’elles s’appellent Constellations Familiales mais que, bien entendu, il n’y a pas que les relations familiales qui sont travaillées dans les Constellations. On pourrait simplement dire les Constellations Systémiques et Symboliques et cela suffirait amplement. Car ce qui est reconnu et ce qui est exploré, ce n’est pas que la personnalité égotique, c’est aussi notre essence, ce que nous sommes, ce qui Est tel que cela Est. Et comment tout cela est en réseau avec tout. Ainsi tout peut être mis en représentation : la famille, les animaux, les éléments, les collègues de travail, l’argent, la peur, l’amour, les émotions, les sentiments, les différents règnes, les concepts… Car tout est système et, surtout, parce qu’il n’y a que sur cette planète que nous sommes les filles ou les fils de quelqu’un, les parents de quelqu’un. Avant cette porte de la naissance et après celle de la mort, nous ne sommes plus les parents de qui que ce soit ni les enfants de qui que ce soit. Et en même temps, nous sommes bien tous, les uns et les autres, unis.

6/

C’est la sixième réalité des Constellations Familiales, Systémiques et Symboliques : c’est parce que nous naissons seuls, que nous mourrons seuls et qu’entre ces deux portes nous sommes seuls ; c’est parce que l’Univers entier est seul, que nous sommes entiers. Nous sommes pleins. Nous sommes tout l’Univers dans une expression singulière de celui-ci. Et c’est parce que nous sommes l’Univers tout entier que nous pouvons représenter et tout manifester : nous laissons l’expression singulière de quelqu’un d’autre, d’un autre être vivant quel qu’il soit, d’un concept, d’une chose, se manifester dans notre totalité et mettons en sourdine l’expression singulière que nous sommes.

C’est un outil que je trouve absolument extraordinaire et merveilleux. Que j’explore et j’intègre à ma façon, intimement, et que j’aime partager. Et c’est simplement parce que j’aime les Constellations Familiales et Systémiques que j’en anime. Il n’y a pas d’autres raisons.

L’Argent

L’argent est une énergie, qui a du plaisir à circuler entre les générations, les individus, les entreprises, les pays…

Rétribution pour un travail, gain, cadeau, héritage…

Gagner de l’argent, c’est prendre sa part, celle qui nous revient pour réaliser nos projets. Que nous ayons envie de faire le tour du monde en voilier, ouvrir un salon de coiffure, créer une usine, s’arrêter de travailler le temps de se reconvertir, d’élever un enfant, de se reconstruire ou de se soigner, pour écrire un livre, pour étudier, construire une maison, créer une école… : peu importe le projet qui est vivant en nous, il nous faut l’argent (ou ce qu’il permet d’acheter sous forme de troc, d’aide bénévole etc.) pour le réaliser. 

Réaliser ses projets, c’est exister. C’est permettre à ce qui est vivant en nous de jaillir hors de nous. C’est incarner dans les sociétés dans lesquelles nous vivons ce qui nous inspire. 

Ainsi, chacun doit pouvoir prendre la part qui lui revient. Et la part qui lui revient est celle qui lui permet de réaliser ses projets. 

Explorer les croyances, les liens, les freins, les héritages ancestraux dans notre relation à l’argent, c’est faire circuler cette énergie à nouveau. C’est comprendre que notre légitimité à matérialiser nos projets sous des formes concrètes avec les moyens qui existent dans nos sociétés, est entièrement donnée à notre naissance. Parce que nous naissons, nous avons le droit de réaliser. Parce que nous naissons, nous avons la responsabilité d’exister.

Prendre sa part, c’est forcément prendre sa place. Une place qui évolue, qui s’adapte, se transforme dans cette expérience de l’incarnation, de la réalisation de soi. 

Faire l’expérience de l’énergie “argent” en constellation, c’est expérimenter sa nature et faire fondre toutes nos croyances à son égard. C’est cesser de l’aimer, cesser d’en avoir peur, cesser de le détester, cesser de le fuir, cesser de le retenir, cesser de s’en méfier, cesser de l’adorer.

Et si nous prenions tous notre part, et si nous réalisions nos projets, dans quel monde vivrions nous ?

Voir

Il faudrait toute une vie pour regarder un arbre, pour le regarder vraiment« . A la fin de sa vie, ma grand-mère restait assise toute la journée devant la fenêtre, à regarder l’arbre. Du premier étage, elle avait une place de choix. Elle me disait que, chaque jour, elle découvrait encore « son » arbre. Plus elle le regardait, et plus elle se rendait compte qu’elle ne le connaissait pas.

Jusqu’au jour où je crois qu’elle a fait l’expérience de cesser de vouloir le connaître, où elle a cessé de le scruter. Son regard s’arrêtait juste avant, dans l’espace commun qu’ils partageaient ensemble. C’est ainsi qu’elle le voyait le mieux, en s’arrêtant juste avant de le pénétrer. C’est ainsi qu’elle  acceptait de faire partie de ce regard, puisqu’elle regardait l’espace qu’ils étaient en commun, en étant dedans.

C‘est ma grand-mère qui m’a ouvert la voie au « voir ». Je dois à beaucoup d’autres ce que je sais de « voir », et je ne sais pas grand-chose. Ce voir fait partie des constellations. Voir ce que chaque représentant voit, et voir l’espace qu’ils partagent, l’espace qu’ils sont ensemble ; voir l’espace qu’ils sont avec d’autres non représentés, et voir l’espace qu’ils sont avec eux-mêmes dans toutes leurs dimensions. Il est essentiel que les principaux représentants, et surtout le focus, soient vus ainsi, pour qu’ils se décollent de leur histoire.

Il serait possible de regarder et de regarder encore, tous les jours, durant toute une vie, une constellation, toujours la même, et se dire que chaque jour on découvre encore des  choses, on comprend encore des choses. Cependant, il est plus juste de cesser de regarder les constellations, les scruter, se projeter à l’intérieur, comme une tête chercheuse. Car regarder, c’est interpréter. Regarder, c’est se souvenir. Se souvenir et interpréter, c’est figer dans le passé, c’est créer une histoire.

Voir une constellation, en faire partie sans regarder « après coup » dans sa mémoire, c’est la laisser vivre, se déployer, la laisser partir. Sans la figer, sans la transformer en histoire. Et c’est essentiel. C’est essentiel d’oublier les constellations. C’est la condition pour qu’elles puissent oeuvrer en nous, et dans notre système. Hors de notre regard, hors de notre contrôle…

Etre Libre

Etre libre, c’est d’abord le devenir ou plutôt retrouver notre liberté, celle qui est née avec nous, celle qui était avec nous avant nous, celle qui sera avec nous à notre mort, celle qui sera avec nous après notre mort, celle qui EST ce que nous sommes véritablement.

Ce chemin intime de retrouvailles, d’expérimentations, de connaissances, de verticalisation n’est possible que dans la rencontre avec notre environnement extérieur : les autres, ceux qui nous aiment, ceux qui ne nous aiment pas, ceux qui veillent sur nous, ceux qui nous abandonnent, mais aussi le soleil, la lune, la terre, les sources, le feu, l’air, les minéraux, la végétation, les autres animaux, et encore le système social, le système politique, et encore et surtout cet Autre que nous sommes à nous-mêmes, ce mystère que nous sommes souvent pour nous-mêmes.

Il n’y a pas de système politique ou social plus favorable à la découverte, l’expérimentation, la manifestation de notre liberté d’être qui nous sommes. Ils sont tous propices et proposent tous, qu’ils soient licencieux ou totalitaires, les conditions dont nous avons besoin pour nous verticaliser et retrouver notre liberté.

Aucun système nous empêche de devenir des Hommes, aucun système ne favorise plus qu’un autre cette aventure. Car être libre ne dépend pas de ce qui nous entoure, mais de la relation que nous tissons avec ce qui nous entoure ; des positions, des postures, que nous prenons, quelles que soient les conséquences, vertueuses ou funestes.

 Il peut être tout aussi difficile de trouver le chemin de la liberté dans une société licencieuse, où tout est accessible, abondante, consumériste, divertissante, que dans une société totalitaire, moralisatrice, à la structure sociale verrouillée. 

Etre libre, incarné, enraciné, relié, expérimenter cette vibration qui nous traverse, nous informe, nous anime, voilà l’objet des Constellations Familiales et Systémiques comme de toute thérapie.

Ecouter

Certaines questions sont véritablement fécondes pour moi, dans l’intimité de mes méditations :

A quoi est-ce que je résiste ?

– Quelle partie de moi ne souhaite pas être consolée ?

– Quelle est la demande de l’âme ?

Elles le sont aussi dans mon travail en individuel, ce sont elles aussi qui soutiennent mon travail de géobiologue, et ce sont elles aussi qui sous-tendent l’écoute et le travail en Constellations.

Lorsqu’une personne en demande de Constellation expose sa problématique, son défi, ce sont ces trois questions qui m’habitent. Ce sont elles qui donnent la couleur, la saveur énergétique de mon écoute. Ce sont elles qui me permettent d’entendre ce qui se murmure dans vos paroles, vos gestes, vos regards. Ce sont elles qui animent mes mains, mon souffle, mon regard. Ce sont elles qui posent le cadre de travail, le dôme énergétique du champ des Constellations.

Au coeur de la relation d’aide, thérapeutique, d’accompagnement, chamanique etc. se niche l’amour que le thérapeute, l’accompagnateur, l’aidant, le chaman, peu importe le nom que vous lui donnez, éprouve pour la personne qui vient le voir. Et cet amour qu’il éprouve, ce n’est pas le sien propre, c’est celui qui le traverse et pour lequel il/elle est tout(e) ouïe, et qui est là pour chacun d’entre nous. Plus le thérapeute est à l’écoute de cet amour, plus il le ressent et n’y met aucune résistance, plus les résolutions sont puissantes et rapides car elles échappent à notre dimension.

C’est ce qui rend notre travail magnifique et qui m’émeut tous les jours : face à mon travail, il y a quelque chose en moi qui s’incline devant tant de beauté et qui en mesure toute la dimension sacrée.

Je crois que la plupart des thérapeutes expérimentent cet abandon, cette vérité de n’être qu’un outil au service de ce qui est bien plus grand que soi, nous qui sommes si petits.

Je crois aussi que chacun d’entre-vous a, ou a eu, la possibilité de vivre cette évaporation de soi dans son travail, pour que seul le mystère s’exprime, et qu’il vous arrive – ou qu’il vous est arrivé – de réaliser la dimension sacrée de votre travail, quel qu’il soit, car cette dimension vient de votre posture intérieure, pas de la nature de votre travail.

Alors je crois que vous comprenez très bien ce que je veux dire.

La Compassion

La compassion est une vérité qui nous ouvre à la réalité de qui nous sommes. C’est un état de grâce, qui nous envahit, comme un présent sacré d’une dimension qui nous dépasse et nous relie.

Elle ne se commande pas, elle ne se fabrique pas, elle s’impose à notre coeur. Et lorsqu’elle est là, elle nous réconcilie avec tout, et nous guérit de nos blessures.

La compassion, c’est la reconnaissance de la souffrance de celui qui souffre, y compris – et surtout – de celui qui souffre de faire souffrir et qui n’a pas conscience d’en souffrir…

Cette reconnaissance de la souffrance balaye d’un souffle toute culpabilité, toute culpabilisation… et met fin à la souffrance elle-même.

S‘ouvrir à la compassion qui est tout le temps là, pour tout le monde, se laisser aller à la ressentir… c’est s’incliner, c’est baisser la garde… et s’ouvrir.

Savoir et Comprendre

Il n’y aurait pas d’êtres humains sur terre, ni arbres ni abeilles, ni fleurs ni ruisseaux, s’il n’y avait eu les étoiles pour ensemencer notre planète. Il y a une vibration en nous, très subtile, indestructible, plus ancienne que le Big Bang, plus vieille que l’éternité, sans début ni fin, non linéaire et sans direction, présente dans cet espace-temps en même temps que tous les autres, et qui pourtant nous relie – à quoi ? où ? .

Quand il nous est donné de la percevoir, de la ressentir, quelque chose s’incline en nous, et nous reconnaissons notre petitesse et notre ignorance, tout en faisant l’expérience d’une puissance discrète et pourtant invincible.

Soyons réalistes et acceptons de n’y rien comprendre. Reconnaissons que nous sommes constitués d’air, d’eau, de feu, de terre, d’éther, de vent, de bois, de métal, de poussières d’étoiles, de lumière et d’harmonie.

Parfois, face à certaines questions qui nous obsèdent, il est bon de revenir au mouvement des planètes, à celui des galaxies, à celui des éléments vivants en nous, et de les laisser retrouver l’harmonie entre eux dans une danse Soufie que nous ne connaîtrions pas encore, et de laisser la Vibration transmettre l’information à tous les systèmes : ceux auxquels nous participons, ceux qui nous constituent.

La danse des Planètes (ou celle de l’Atome) est une danse puissante, qui réinforme nos cellules jusque dans leur ADN, qui souffle ce mouvement giratoire qu’elles ont naturellement mais que les sursauts de notre existence peuvent perturber. La Vie se déploie bien différemment après une telle danse.

Résilience

L‘être humain est une espèce qui vit, se déploie, s’épanouit, se nourrit, se renforce, se protège, grandit, dans sa relation à un groupe. Sans le soutien, les appuis, les soins, l’écoute, les sourires, les câlins, les ressources, les biens, les pensées, les paroles du groupe, il meurt. Le bannissement vouait l’homme à la mort, sinon à la perte de son humanité.

Aujourd’hui encore, le petit d’Homme devient Homme grâce au groupe, et il en sera toujours ainsi, dans les relations de proximité, dans les relations affectives, dans les relations de dépendance, et dans l’émancipation de son groupe d’origine. Car il y a toujours une émancipation, elle est indispensable. L’Homme se choisit d’autres groupes et peut fonder son propre groupe, il peut rester sur la terre de ses ancêtres, ou bien trouver une autre terre ; mais là où il pose son âtre, c’est là où d’autres Hommes sont appelés à vivre ou vivent déjà. Et c’est aussi là qu’il peut nourrir ses liens avec son groupe d’origine.

Lorsque les relations avec le groupe sont faibles (en nombre), superficielles (en qualité), enfermantes (dépendance VS autonomie), alors l’Homme se sent en insécurité. Il s’agit de cette insécurité ancestrale qui mine nos appuis, notre résilience, notre créativité. Car l’Homme se sait fragile et vulnérable. Il a besoin de se sentir en lien, dans des liens nourrissants et soutenants. Et quand l’Homme ne peut subvenir à ses besoins en toute autonomie par une activité dont il peut échanger les produits quels qu’ils soient (matériels ou immatériels), alors une autre insécurité vient s’ajouter à la première, celle de sa valeur, de sa participation à la vie du groupe, de sa fabrication du monde de l’Homme.

On voudrait détruire un Homme, on ne s’y prendrait pas autrement qu’en diminuant drastiquement ses relations sociales, affectives, symboliques et en supprimant son autonomie, sa capacité de subvenir à ses besoins par son travail ou son implication dans le groupe.

Alors quand le système élargi de la nation met en péril ces deux fondements à la sécurité de l’Homme, et si les groupes restreints dans lesquels l’Homme vit sont des systèmes de même nature, ils rentrent en résonance et s’alimentent les uns les autres, et l’Homme s’effondre.

Mais si les groupes dans lesquels l’Homme vit sont des systèmes forts et résilients, contrebalançants le système de la nation, alors l’Homme peut continuer de se déployer, de sentir des appuis solides contre lesquels prendre son élan pour offrir toute sa créativité au monde.

Et quand le système élargi garantit la liberté d’appartenir au groupe, de travailler, d’échanger, de s’émanciper et que les groupes restreints ont des systèmes de même nature vertueuse, alors tous les groupes gagnent en créativité, en adaptabilité, en épanouissement, en résilience, en harmonie, en homéostasie.

Quels que soient les déséquilibres du groupe élargi, il est possible de rendre les systèmes dans lesquels nous évoluons propices à la résilience, propices à l’épanouissement. Il est possible de les rendre soutenant et sécurisant pour contrebalancer les effets des groupes élargis auxquels nous appartenons.

Et l’histoire fabrique l’Histoire.