Accepter l’expérience

S‘il y a peu de résistance à concevoir d’accepter totalement, entièrement une expérience que nous trouvons agréable, il est beaucoup plus difficile de concevoir d’accepter totalement, entièrement une expérience traumatique.

Alors que nous nous dissocions lors d’une expérience traumatique, il y a quelque chose de nous qui refuse l’expérience, toute l’expérience entière, et qui dit NON à tout ce qui est en train de se passer, y compris l’Amour et la Compassion qui sont aussi là, toujours présents.

C‘est ce NON total qui rend difficile la voie de la guérison, l’accès à une nouvelle vie. Au moment où on accepte enfin l’expérience entière de l’événement, qu’on ne rejette rien de cette expérience, qu’on la prend entièrement en soi, que l’on en accueille vraiment la totalité, alors s’ouvre un espace d’abandon et de guérison. Parce que l’on cesse de dire NON, et que l’on dit enfin OUI.

On ne dit pas OUI à l’expérience pour qu’elle se reproduise, pour la revivre, mais on dit OUI à l’expérience parce qu’on est tout petit face à l’expérience qui est si vaste. On s’incline simplement devant la toute puissance de la Vie et devant notre petitesse, parce que ce n’est pas notre NON qui va changer les choses. Au contraire, c’est notre OUI qui bouleverse tout. En disant OUI à la totalité de l’expérience, aussi traumatique soit-elle, il y a un espace qui s’ouvre à l’intérieur de nous. L’espace d’accueil de l’Amour inconditionnel qui est toujours là. Cet espace contient la guérison du traumatisme.

Les Constellations apportent à travers l’acceptation de sa propre responsabilité un accès à cet espace d’accueil. Lorsque le représentant peut enfin dire qu’il rend toute sa responsabilité à l’autre, et qu’en même temps il reprend toute la sienne, sans la définir, ni la circonscrire, il ne dit rien d’autre que ce OUI à l’expérience toute entière. OUI à ce qu’il refusait d’accueillir jusqu’à présent, OUI aux conséquences de cette acceptation (l’Amour et la Guérison) comme il atteste de prendre l’entière responsabilité des conséquences du NON initial qu’il avait exprimé jusqu’alors.

Le « Bourreau », retrouve toute sa dignité en reprenant sa responsabilité, il retrouve son intimité avec lui-même, son regard est à nouveau entier car il se voit enfin entier et voit enfin entièrement la « Victime ». La « Victime » retrouve sa dignité en reprenant sa responsabilité, elle goûte à nouveau à la paix avec ce OUI.

Se diffuse alors, petit à petit, cette intimité avec la Vie qui consiste à s’incliner devant sa toute puissance, à attester de notre petitesse, à accueillir l’ensemble d’une expérience – ce qui nous est plaisir, ce qui nous est souffrance, et de nous ouvrir à ce qui est plus grand que cette expérience et qui est contenue en elle.

La Compassion

La compassion est une vérité qui nous ouvre à la réalité de qui nous sommes. C’est un état de grâce, qui nous envahit, comme un présent sacré d’une dimension qui nous dépasse et nous relie.

Elle ne se commande pas, elle ne se fabrique pas, elle s’impose à notre coeur. Et lorsqu’elle est là, elle nous réconcilie avec tout, et nous guérit de nos blessures.

La compassion, c’est la reconnaissance de la souffrance de celui qui souffre, y compris – et surtout – de celui qui souffre de faire souffrir et qui n’a pas conscience d’en souffrir…

Cette reconnaissance de la souffrance balaye d’un souffle toute culpabilité, toute culpabilisation… et met fin à la souffrance elle-même.

S‘ouvrir à la compassion qui est tout le temps là, pour tout le monde, se laisser aller à la ressentir… c’est s’incliner, c’est baisser la garde… et s’ouvrir.