L‘être humain est une espèce qui vit, se déploie, s’épanouit, se nourrit, se renforce, se protège, grandit, dans sa relation à un groupe. Sans le soutien, les appuis, les soins, l’écoute, les sourires, les câlins, les ressources, les biens, les pensées, les paroles du groupe, il meurt. Le bannissement vouait l’homme à la mort, sinon à la perte de son humanité.
Aujourd’hui encore, le petit d’Homme devient Homme grâce au groupe, et il en sera toujours ainsi, dans les relations de proximité, dans les relations affectives, dans les relations de dépendance, et dans l’émancipation de son groupe d’origine. Car il y a toujours une émancipation, elle est indispensable. L’Homme se choisit d’autres groupes et peut fonder son propre groupe, il peut rester sur la terre de ses ancêtres, ou bien trouver une autre terre ; mais là où il pose son âtre, c’est là où d’autres Hommes sont appelés à vivre ou vivent déjà. Et c’est aussi là qu’il peut nourrir ses liens avec son groupe d’origine.
Lorsque les relations avec le groupe sont faibles (en nombre), superficielles (en qualité), enfermantes (dépendance VS autonomie), alors l’Homme se sent en insécurité. Il s’agit de cette insécurité ancestrale qui mine nos appuis, notre résilience, notre créativité. Car l’Homme se sait fragile et vulnérable. Il a besoin de se sentir en lien, dans des liens nourrissants et soutenants. Et quand l’Homme ne peut subvenir à ses besoins en toute autonomie par une activité dont il peut échanger les produits quels qu’ils soient (matériels ou immatériels), alors une autre insécurité vient s’ajouter à la première, celle de sa valeur, de sa participation à la vie du groupe, de sa fabrication du monde de l’Homme.
On voudrait détruire un Homme, on ne s’y prendrait pas autrement qu’en diminuant drastiquement ses relations sociales, affectives, symboliques et en supprimant son autonomie, sa capacité de subvenir à ses besoins par son travail ou son implication dans le groupe.
Alors quand le système élargi de la nation met en péril ces deux fondements à la sécurité de l’Homme, et si les groupes restreints dans lesquels l’Homme vit sont des systèmes de même nature, ils rentrent en résonance et s’alimentent les uns les autres, et l’Homme s’effondre.
Mais si les groupes dans lesquels l’Homme vit sont des systèmes forts et résilients, contrebalançants le système de la nation, alors l’Homme peut continuer de se déployer, de sentir des appuis solides contre lesquels prendre son élan pour offrir toute sa créativité au monde.
Et quand le système élargi garantit la liberté d’appartenir au groupe, de travailler, d’échanger, de s’émanciper et que les groupes restreints ont des systèmes de même nature vertueuse, alors tous les groupes gagnent en créativité, en adaptabilité, en épanouissement, en résilience, en harmonie, en homéostasie.
Quels que soient les déséquilibres du groupe élargi, il est possible de rendre les systèmes dans lesquels nous évoluons propices à la résilience, propices à l’épanouissement. Il est possible de les rendre soutenant et sécurisant pour contrebalancer les effets des groupes élargis auxquels nous appartenons.
Et l’histoire fabrique l’Histoire.