Accueillir la vie telle qu’elle se présente, à chaque instant.
Au départ, il y a le silence. Puis une ouverture dans l’inconnu, avec confiance. Un mouvement que le corps exprime mais qui vient d’un endroit silencieux et immobile “en” nous. Quelque chose prend son envol, se libère, largue les amarres. Le corps s’ouvre, et quelque chose s’expanse dans un univers que l’on ne voit pas.
Et puis encore le silence.
Et lorsqu’une pensée apparaît, elle est vécu comme apparaissante. Et si une interrogation s’élève depuis le silence, tout en silence, et qui pourrait être traduite par “qu’est-ce qui pense ?” ou “à qui appartient cette pensée ?” ou “est-ce que Je pense ? » ce qui est perçu, compris, depuis le silence et en silence, c’est que cette pensée est un objet du mental, une carotte au bout d’un fil, qu’elle lui appartient entièrement, et que ce n’est pas Je qui pense. Je ne pense pas. Ce qui est expérimenté, c’est que dans le silence, cette pensée n’existe pas, cette envie-là n’existe pas, ce jugement n’existe pas, ce découragement n’est pas réel. Dans le silence, il n’y a pas de pensée. Je vis mais Je ne pense pas, Je suis et donc Je ne pense pas. Et lorsque la parole s’élève depuis le silence, elle est préformée par le silence, pas par la pensée. Impossible de savoir par la pensée ce qui va être dit.
Il y a une fragilité cardiaque. Depuis longtemps. Et puis ? Rien. Aucune envie de la soigner, aucune envie de faire quoi que ce soit pour, contre, avec, sans. Un premier infarctus a été expérimenté, traversé. D’autres ont suivi : ils ont été expérimentés. Et puis ? Rien, c’est tout.
Il y a juste une pleine acceptation de ce que la Vie propose, une pleine acceptation de ce qui arrive, et de ce qui arrivera. Aucune idée de perte, aucun ressenti de manque, aucune urgence, seule la tranquillité de l’accueil de la Vie telle qu’elle est. Ce n’est pas l’Éveil, c’est très simplement une acceptation totale.
Il en va de même avec les Constellations du mouvement de l’âme. Ce serait passer à côté de leur magie et de leur beauté, que de ne pas voir toute la puissance qu’elles portent quand elles ne cherchent pas à satisfaire une envie, un projet, une urgence, un besoin, une peur, une angoisse, une valeur… Elles ont le pouvoir de laisser s’exprimer à nouveau le dessein de l’âme.
Alors parfois, on assiste à l’accompagnement vers la mort d’un enfant par sa mère. La “guérison” vient de ce que tout le monde accepte enfin la mort prématurée de l’enfant ; cette acceptation permet enfin à la famille d’accompagner l’enfant tel qu’il le veut vraiment, jusqu’au seuil.
Alors parfois on assiste au départ d’un mari ou d’une épouse, d’un père ou d’une mère, alors que l’on était venu pour que ce départ n’ait pas lieu. Mais on s’incline devant ce mouvement sincère de l’âme : un destin est en cours de réalisation.
Alors parfois on assiste à un cri “je ne veux pas guérir”, et on accepte enfin de l’accepter, alors qu’on était venu pour une ultime tentative.
Le mouvement de l’âme n’est pas celui de la thérapie, il apparaît lorsque toute envie a disparu, et que seule persiste l’acceptation de la Vie telle qu’elle est.
Le mystère grandit, un espace s’ouvre, et plus personne n’existe, seul ce que nous sommes réellement s’exprime.
C‘est un « risque » à prendre, lorsque l’on vient pour une constellation. Le “risque” de ne pas voir son envie personnelle aboutir. Le « risque » que ce qui sera vécu sera une constellation du mouvement de l’âme. Le “risque” de ne vraiment pas savoir comment la constellation se déploiera pendant, et surtout après.
Et c’est bien là toute la puissance de l’expérience qui est proposée : s’ouvrir à la Vie telle qu’elle se présente. S’abandonner dans ce qui nous porte, nous meut et qui nous précède.